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Un seul être vous manque...
Ecrit par Mars Ultor le 22/12/08
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Aujourd'hui, je ne vais pas parler du match d'hier. Je ne vais pas redire ce que je pense (ce qu'on pensait tous en fait...) de la gestion de l'équilibre de l'effectif olympien. Je ne vais pas me perdre en « je vous l'avait dit... », ni en « il aurait fallu... » ou en « on aurait du... ». Je vais me contenter de rendre hommage à un gars qui vaut le détour, et qu'on oublie trop souvent d'aimer. Né à Matam au Sénégal en 1979, Mamadou Niang a découvert les joies de l'Europe Occidentale de la pire manière qui soit: au Havre. Vite repéré par les recruteurs locaux, il passe quelques années difficiles au centre de formation du club doyen, qu'il finit par quitter en 1997, pour d'obscures raisons. A 18 ans, il abandonne sa carrière professionnelle, avant qu'Alain Perrin, alors entraîneur du club qui s'appelait encore l'ATAC à l'époque, ne décide de le relancer. Après des débuts difficiles sur les rives de l'Aube, il finit par s'imposer dans l'Est de la France, à Metz, puis à Strasbourg, où il forme un duo de choc avec Ljuboja, puis Pagis. Alors que son destin footballistique semblait inexorablement lié à des villes déprimantes et froides, à l'été 2005, il signe dans un OM encore traumatisé par le départ de Drogba, l'année précédente, précédé d'une réputation discrète auprès d'exigeants supporters qui attendaient plutôt Fred... Très vite, ses qualités physiques, son engagement, sa vitesse, sa capacité à peser sur une défense sautent aux yeux. Malheureusement, son manque de réalisme aussi. Et dans un club qui en a assez d'enchaîner les « saisons de transition », ça ne pardonne pas. Son surnom est déjà tout trouvé: Niangayoko. Au cours de l'automne 2005, Mamadou Niang enchaîne les immanquables et les pépins physiques. On le croit perdu pour la cause. L'hiver arrive, il se montre un peu plus convaincant, marque trois buts en trois matches en décembre, mais cet élan est coupé par la trêve hivernale et la Coupe d'Afrique des Nations. Ainsi que par de nouvelles blessures. A l'orée du printemps 2006, sous la pression de José Anigo, Jean Fernandez perd la maîtrise du groupe marseillais. Les clés sont confiées à Albert Emon, qui décide de finir l'année en beauté: quitte à terminer dans le ventre mou, autant jouer l'attaque, profiter de la forme des renforts hivernaux (Maoulida et Pagis) et du retour en grâce de Niang pour (enfin !!!) rendre hommage au blason du club: « Droit au But ». Replacé ailier gauche dans une attaque à trois, Niang est déchargé de la « pression du finisseur », et fait des étincelles. L'OM va en finale de Coupe de France (avec un but de décisif de Mamad' à Gerland en quart) et manque de peu la troisième place. Impensable en début de saison, quand on sait que l'OM pointait à la dernière place au début de l'automne. Niang, lui, finit l'exercice avec une quinzaine de buts, toutes compétitions confondues... Loin de l'image du « croqueur » de ses débuts marseillais. Dans les années qui suivent, même avec des hauts et des bas, Mamadou Niang reste la pièce essentielle d'une attaque marseillaise redevenue performante, sous Emon, puis Gerets. En 2007/2008, il est le deuxième meilleur buteur du championnat de France, et est nommé dans le « final four » de l'oscar Anal+ du meilleur joueur de la saison. Une récompense tardive pour un joueur trop discret, pas assez clinquant pour les amateurs du « Gutter-Football ». Mamadou Niang, c'est avant tout: _ Un très bon joueur de football, doué techniquement, physiquement et tactiquement. _ Un mec au mental d'acier, ce qui s'explique facilement par son parcours (à l'opposé de celui d'un Nasri, ou d'un Benzema, par exemple). _ Un type moralement irréprochable, respectueux du club, adoré des supporters. _ Pas le genre de mec qui aurait mis la pression pour signer ailleurs après une bonne demi-saison chez nous, par exemple (dédicace à l'idole des Français qui n'est plus l'idole des Marseillais, vous savez, l'homme au tracteur...). Avec Lorik Cana et Taye Taiwo, il est le symbole d'un certain renouveau du club marseillais initié par Pape Diouf et José Anigo (si, si, il faut le reconnaître... malgré tout...). Il n'aura jamais la reconnaissance d'un Drogba auprès des Footix (pro-marseillais ou non...). Il n'a pas eu la chance de faire un passage météorique d'une saison. Il ne peut donc pas communiquer en permanence sur un « amour du maillot » et une « envie de revenir, un jour peut-être... », finalement très théorique, comme l'Ivoirien. Sans compter que Téléfoot n'a pas fait 9/10e de ses émissions sur lui lors des quatre dernières années... Il n'écrit pas de livres, il ne vend pas de Kinders, il n'est pas sur la couv' du dernier PES... Le football, on l'aime aussi grâce à des gars comme Niang. Loin de la starlette insupportable (C. Ronaldo, Djibril 6C, Hatem (on t'aime quand même) Ben Arfa), mais loin aussi du bourrin défensif qui nous dégoûte de l'infâme L1 (l'ensemble du groupe nancéen, Franck Jurietti, Claude Puel entraîneur). L'été prochain, Mamad' aura presque 30 ans... Et après quatre saisons provençales, il est probable qu'il aura des envies d'ailleurs. Je ne lui reproche pas. On sent très bien qu'on arrive à la fin d'un cycle avec ce groupe (la fin du « 1er cycle Diouf », comme l'appelleront sûrement les historiens de l'avenir). Et de tous, Niang est celui qui mérite le plus qu'on le laisse choisir son destin. S' il veut se perdre à Portsmouth... A moi il me manquera beaucoup. Et quand les mercatophiles préados pratiqueront l'onanisme dans la presse footballistique, cherchant la perle rare, le joueur qu'il nous manque, ils rêveront sans doute d'un « nouveau Drogba ». Pas moi. Puisse le destin amener sur notre route un nouveau « Mamadou Niang ». Que n'est pas Samassa. Joyeuses Saturnales à tous Mars Ultor...
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